Convention laïque 2025. Une société plus libre, plus juste, plus solidaire est possible

Réuni en Convention ce samedi 22 novembre au Delta à Namur, le mouvement laïque se choisit ses grandes orientations de travail pour les trois années à venir.

Près de 500 participantes et participants issus de toutes les composantes du mouvement laïque – bénévoles, militantes et militants, sympathisantes et sympathisants, collaboratrices et collaborateurs – se sont réunis le samedi 22 novembre au Delta, à Namur. Tous étaient là pour un moment rare, et donc précieux: clôturer une année de réflexion sur le thème de la sécularisation et discuter collectivement des grandes orientations de travail du mouvement laïque pour les trois prochaines années.

Organisée tous les trois ans, la Convention est un temps fort de la vie démocratique du mouvement laïque. Elle permet de confronter des idées, de faire dialoguer les expériences du terrain, de poser nos inquiétudes mais aussi nos ambitions. C’est un exercice d’éducation permanente: partager, débattre, construire.

Un constat clair: le religieux revient en force

La journée s’est ouverte sur les mots d’accueil du gouverneur de la Province de Namur, Denis Mathen, puis sur l’intervention du secrétaire général du Centre d’Action Laïque, Benoît Van der Meerschen. Il a rappelé le contexte global: « La sécularisation est une facette d’un monde à la dérive. (..) Quiconque aujourd’hui ouvre son journal se rendra vite compte que s’additionnent sans cesse des faits qui attestent que le religieux opère un retour en force et qu’il est, plus que jamais, mêlé au politique. » Une situation qui nous préoccupe et qui mérite d’être analysée globalement car, derrière ce retour du religieux, c’est un recul des droits et des libertés qui s’annonce.

Convention laïque 2025 - Benoît Van der Meerschen

Une question, trois enjeux prioritaires, des dizaines d’activités préparatoires

Là était le point de départ de cette Convention: questionner la modernité des religions au regard de ce qui nous paraît comme la boussole fondamentale: les droits et libertés fondamentales. Ce questionnement n’a bien entendu aucune vocation anti-religieuse. Le mouvement laïque défend fermement la liberté de conscience qui inclut la liberté de croire, de ne pas croire ou de changer de conviction. Mais simplement, nul ne doit se voir imposer une loi autre que la loi civile décidée démocratiquement. En effet, orienter l’évolution de notre société en fonction de dogmes tirés d’une conviction particulière met à mal l’universalisme des droits et des libertés.

Dans ce cadre, trois thématiques avaient été identifiées comme prioritaires par les membres du mouvement laïque: l’extrême droitel’enseignement et la protection de la jeunesse, et les libertés d’expression, académique et artistique. Ces thématiques ont été explorées et débattues en amont de la Convention, lors de quantités de débats et d’activités, ouverts à tous, organisés par les régionales et les associations du Centre d’Action Laïque.

Convention laïque 2025: trois thématiques

Ces trois thèmes ont fait l’objet de conférences participatives le matin de la Convention, suivies d’une table ronde, avec les éclairages d’experts et d’acteurs de terrain:

  • Sécularisation et extrême droite: François Debras (professeur associé au sein du centre d’étude Démocratie – ULiège), Sibylle Gioe (présidente de la Ligue des droits humains), Nicolas Kurevic (coordinateur du pôle pédagogique des Territoires de la Mémoire) et Julien Paulus (coordinateur du centre d’études des Territoires de la Mémoire)
  • Sécularisation et enseignement et protection de la jeunesse: Carla Gillespie (coordinatrice d’AJILE), Solayman Laqdim (délégué général aux droits de l’enfant), Anthony Spiegeler (président de Laïcité Brabant wallon et directeur de l’école NESPA) et Raymonda Verdyck (présidente de deMens.nu)
  • Sécularisation et liberté d’expression, liberté artistique et liberté académique: Marius Gilbert (vice-recteur à la recherche et à la valorisation de l’ULB), Élise Jacquemin (directrice du Miroir Vagabond) et Pierre-Arnaud Perrouty (directeur de la Ligue des droits humains).

Ensemble, participants et experts ont posé des diagnostics, fourni des analyses, identifié des risques mais aussi des opportunités: renforcer les contre-pouvoirslutter contre la fragmentation communautaire, et faire vivre la laïcité comme projet d’émancipation.

Notre définition de la laïcité1 contient en effet tous les éléments de réponse à ce qui nous préoccupe: État de droit, impartialité du pouvoir civil dégagé de toute ingérence religieuse, libre-examen, diffusion des savoirs, émancipation…

Trois grandes orientations pour les années à venir : résister, proposer, (se) renforcer

C’est sur base de ces constats qu’ont été proposées les trois grandes orientations de travail pour les trois années à venir: résister, proposer, (se) renforcer.

Résister

Ou plus exactement, poursuivre la résistance. Plus que jamais ces temps nous obligent. Songeons aux visites domiciliaires, aux attaques contre la liberté d’association, au sort réservé à l’enseignement officiel, aux piétinement nombreux de l’État de droit, à la politique migratoire qui criminalise les migrants, à la politique sociale qui désigne l’allocataire social comme fraudeur compulsif…

Le mouvement laïque s’honore de défendre les valeurs de liberté, d’égalité et de solidarité qui sont les siennes.

Proposer

Critiquer, dénoncer, rappeler des balises et des principes ne peut suffire. Il nous faut aussi proposer. Nous avons un devoir d’optimisme. Il nous faut opposer une vision positive face à la morosité ambiante et rendre palpable que vivre autrement est possible, pour une société plus libre, plus juste, plus solidaire. Le mouvement choisit d’y consacrer trois ans de travail pour construire ensemble le monde d’après laïque. Afin d’adopter des stratégies pertinentes, il faut prendre collectivement le temps de (re)définir notre idéal. 

(Se) renforcer

Les défis auxquels le mouvement fait face imposent aussi de renforcer la capacité du mouvement à agir collectivement, en mouvement. Nous devons mieux dire ce que nous sommes et assurer une toujours plus grande cohérence de nos actions. 

Une feuille de route validée par le mouvement laïque

À l’issue de la journée, ces trois orientations – résister, proposer, (se) renforcer – ont été soumises au vote. L’assemblée a validé l’entièreté des propositions.

Enfin, avant de laisser place aux rencontres et discussions informelles autour du traditionnel verre de l’amitié, Véronique De Keyser, présidente du Centre d’Action Laïque, a conclu la journée, en appellant, elle-aussi, le mouvement à résister : « Aujourd’hui, alors que la haine explose sur les réseaux sociaux et dans la rue (…), revenir à la vérité, à la raison, à la chaleur et la fraternité humaines, est plus qu’une question morale ou philosophique. C’est une question de survie. Car dans cette compétition folle voulue par l’extrême droite, ne survivraient que les plus forts, terrés dans la profondeur des océans, ou sur une planète lointaine. Tous les autres disparaitraient ou deviendraient invisibles. C’est un des futurs possibles. Mais ce ne sera pas le nôtre. Pour cela, il suffit de dire NON. Alors nous disons non à ce monde déshumanisé. (…) Redonnons-nous du temps, de l’humour et de l’audace, de la fraternité. Marchons à contretemps, et nous aurons en prime, la liberté. »

La Convention laïque 2025 ne marque pas un point final. Elle ouvre un cycle. Celui de trois années de travail, d’actions, de propositions et d’engagement partagé.

Mais la Convention laïque, c’était aussi…

… la « Librairie du siècle », une librairie éphémère pour découvrir une sélection de publications du mouvement laïque, reflet des idées et des débats qui font vivre notre société.

… un atelier jeux, pour (re)découvrir des jeux développés par le mouvement laïque, qui abordent entre autres la citoyenneté ou les inégalités sociales et qui ouvrent des espaces de réflexion et de débat.

… le photomaton des Territoires de la Mémoire, car l’extrême droite, c’est toujours non, en fait.

… des moments de rencontres et d’échanges au stand de l’assistance morale laïque, avec celles et ceux qui la pratiquent au quotidien.

… des rires et de l’(auto)dérision avec le spectacle d’impro du collectif Ébulltion, inspiré de tous les grands (et moins grands) moments de cette Convention.

… et pour terminer en beauté, de la musique avec le spectacle « Thélonious Mons, sculpteur de silence » d’Éric D’Agostino.

  1. La laïcité est le principe humaniste qui fonde le régime des libertés et des droits humains sur l’impartialité du pouvoir civil démocratique dégagé de toute ingérence religieuse. Il oblige l’État de droit à assurer l’égalité, la solidarité et l’émancipation des citoyens par la diffusion des savoirs et l’exercice du libre examen. (Article 4 des statuts du Centre d’Action Laïque) ↩︎
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La Convention laïque 2025 en télé

2 rendez-vous en télé à noter:

  • Samedi 14/12/2025 à 10h sur La Une
    Retrouvez les moments clés de cette Convention dans une émission spéciale d’1 heure
  • Mardi 16/12/2025 à 23h30 sur La Une
    Reportage et interviews (10 min.)

Ces deux émissions seront également disponibles (après diffusion) sur notre chaîne YouTubeet sur le site web de la Convention