Rien ne prédisposait le mouvement laïque à devenir une entité officiellement reconnue par les pouvoirs publics belges. C’est la dynamique associative, la volonté de rassembler ce qui est épars afin d’assurer la promotion et la défense de la laïcité qui ont conduit à la fondation du Centre d’Action Laïque (CAL).

La laïcité dite « organisée », ou institutionnelle, s’est forgée sur les engagements sociaux et éthiques portés par différentes associations préoccupées du progrès humain par l’émancipation et le libre examen1. Celles-ci ont fini par s’associer en un projet commun qui prendra, en 1969, le nom de Centre d’Action Laïque. Ce n’est qu’ensuite que les revendications d’une séparation claire entre les Églises et l’État ont amené les autorités belges à inclure le CAL dans l’article 182 de la Constitution et à lui octroyer une part du budget jusque-là consacré aux cultes.

Même si c’est une évidence, il convient d’affirmer de façon claire que la laïcité n’est en aucune façon une religion ni un substitut à celle-ci. Elle constitue un « principe humaniste qui fonde le régime des libertés et des droits humains sur l’impartialité du pouvoir civil démocratique dégagé de toute ingérence religieuse. Il oblige l’État de droit à assurer l’égalité, la solidarité et l’émancipation des citoyens par la diffusion des savoirs et l’exercice du libre examen ».

Si la laïcité organisée veille à ce que la place des Églises n’interfère pas avec les centres de décision démocratiques, ses champs d’action se sont élargis au-delà d’un combat situé historiquement contre les débordements des cultes et religions. En se battant pour les libertés, la laïcité milite pour celle de chacun à adhérer à la religion ou à la philosophie de son choix.

La laïcité: un principe humaniste

Article 4 des statuts du Centre d’Action Laïque

Cette définition est adoptée par le mouvement laïque en mars 2016. Elle vient gommer les imprécisions dans l’énoncé de ce qu’est la laïcité et en clarifier le sens. Bye bye, le concept de « double laïcité » (politique et philosophique), source de malentendus et de divisions dans le camp laïque, lequel a plus que jamais besoin de rassembler ce qui est épars. La modification consiste essentiellement à séparer la théorie, l’indispensable définition, de la mise en pratique – les actions des associations laïques.

L’action laïque

La laïcité organisée belge – et plus précisément le Centre d’Action Laïque – veille à établir la différence entre la définition du principe de laïcité et les actions qu’elle mène. Le financement public du mouvement laïque y trouve sa justification, bien qu’il n’en soit pas la condition. Si demain le financement des cultes et de la laïcité par l’État devait disparaître, le mouvement laïque survivrait et poursuivrait ses activités en faveur de l’épanouissement des citoyens et de la construction d’une société juste, progressiste et fraternelle. Ces activités sont diversifiées et participent à l’émancipation et l’autonomie de l’individu, la recherche de la justice et de l’équité, l’altérité, la liberté de chacun et de chacune à disposer de sa vie et de son corps, les droits humains, la défense de la démocratie et la primauté des lois civiles sur les prescrits religieux.

L’assistance morale laïque

Le mouvement laïque est chargé d’assurer l’assistance morale non confessionnelle auprès de la population. L’assistance morale laïque est un concept qui, de simple « aumônerie séculière » au départ, a su se développer pour englober un grand nombre d’actions dont les objectifs communs sont l’autonomie et la liberté de l’individu.

L’éducation permanente

À côté de sa vocation première qui est d’être le référent institutionnel en matière de laïcité, de libre-pensée et d’assistance morale, le CAL est agréé par la Fédération Wallonie-Bruxelles en tant que mouvement d’éducation permanente. Il développe dans ce cadre des stratégies et des projets de sensibilisation et de formations citoyennes destinées aux adultes.

Les combats du mouvement laïque

Si la modernité a progressé, de nouveaux enjeux sociétaux se présentent. Certains acquis se fragilisent face aux assauts de néo-conquistadors aux idéologies traditionalistes, dogmatiques ou fondamentalistes. Depuis la création du Centre d’Action Laïque en 1969, nos sociétés ont évolué pour des raisons à la fois structurelles (augmentation de la population, flux migratoires, changements climatiques), mais également liées à l’évolution des connaissances scientifiques et des mentalités.

Face à celles et ceux qui soumis à des croyances ou appartenances identitaires essentialisées s’opposent au processus d’universalisation des droits humains, la laïcité s’enrichit de la diversité des modes de vie et de pensée individuels, y promeut le débat et permet la coexistence pacifique universelle des communautés cultuelles, culturelles, idéologiques ou ethniques qui offriraient les mêmes garanties. 

  1. dont l’Association Ernest De Craene, La Pensée et les Hommes, la Ligue de l’Enseignement et de l’Éducation permanente (LEEP), l’Union des Anciens Étudiants de l’ULB (UAE) et l’Union Rationaliste de Belgique ↩︎