Un pilier de l’émancipation laïque

Le Centre d’Action Laïque défend activement les droits sexuels et reproductifs comme un enjeu fondamental d’autonomie, de dignité et d’égalité. Ces droits permettent à chaque personne de disposer librement de son corps, de sa sexualité et de ses choix parentaux. Ils sont indissociables d’une société démocratique fondée sur l’égalité entre les femmes et les hommes. C’est pourquoi leur promotion fait partie intégrante de nos engagements, en Belgique comme à l’échelle européenne.

Aujourd’hui, ces droits restent fragiles. Ils font l’objet d’attaques idéologiques, de reculs politiques et de freins structurels qui empêchent encore des milliers de personnes d’accéder à une contraception adaptée, à une interruption volontaire de grossesse (IVG) dans de bonnes conditions, ou à une éducation à la sexualité fondée sur le respect du consentement.

Les droits sexuels et reproductifs: une liberté encore entravée

Les droits sexuels et reproductifs couvrent des dimensions essentielles de l’existence: la santé, la sexualité, la parentalité, le consentement, les relations affectives. Ils impliquent un accès libre, et éclairé aux moyens contraceptifs, à l’IVG, à des soins de santé et obstétricaux de qualité, et à une éducation sexuelle émancipatrice. Ils concernent tout le monde, mais ce sont encore majoritairement les femmes et les minorités de genre qui paient le prix de leur remise en question.

En effet, ces droits sont loin d’être garantis. De nombreuses personnes, en particulier des femmes, des jeunes, des personnes précarisées, migrantes, LGBTQIA+, en situation de handicap, se heurtent à des obstacles systémiques, à des refus de soin, à des jugements moraux, ou à des formes de violences qui privent de fait l’exercice de ces droits.

Parmi ces violences invisibles, la coercition reproductive et le sabotage contraceptif méritent une attention urgente. Le Conseil des Femmes Francophones de Belgique, définit le sabotage contraceptif comme toute action visant à interférer dans le choix contraceptif d’une personne: percer des préservatifs, dissimuler une pilule, refuser le port du préservatif, ou encore faire pression pour imposer une grossesse ou un avortement.1 Ces actes, souvent perpétrés dans l’intimité des relations de couple, relèvent de véritables violences sexuelles, encore trop peu reconnues, et doivent être traités comme tels.

Une approche laïque et féministe des DSSR2

La laïcité offre un cadre éthique et politique indispensable pour garantir les droits sexuels et reproductifs. Parce qu’elle refuse l’influence des dogmes religieux sur les lois et les choix personnels, la laïcité protège le droit à l’autodétermination. Elle défend le principe du libre examen, qui suppose que chacun et chacune dispose de toutes les informations nécessaires pour faire des choix éclairés, en dehors de toute pression extérieure.

Les injonctions morales, sociales ou religieuses qui limitent l’accès à la contraception ou à l’IVG n’ont pas leur place dans un État démocratique. Elles mettent en danger la santé et la dignité des personnes et constituent une atteinte directe aux droits fondamentaux.

Refuser ces pressions, c’est défendre une société où chacun est libre de faire des choix concernant sa santé, sa sexualité et sa vie affective et familiale. Une société où l’éducation à la sexualité repose sur la connaissance scientifique et académique ainsi que sur le respect et le consentement. Une société qui considère que la santé sexuelle et reproductive est un enjeu de santé publique, et non un objet de contrôle idéologique.

Nos principales revendications:

Face aux reculs et aux inégalités persistantes, le Centre d’Action Laïque appelle à une série de mesures concrètes pour garantir l’accès réel aux DSSR:

  • Reconnaître les soins d’avortement comme soins de santé, intégré au droit médical, attachés à la loi du 10 mai 2015 relative aux soins de santé et à la loi du 22 août 2002 relative aux droits du patient. Garantir également pleinement leur accès. 
  • Garantir l’accès à des soins de santé sexuels et reproductifs de qualité qui favorisent autonomie de décision des personnes (en matière de sexualité, de contraception, de grossesse, d’accouchement, de parentalité, etc.). 
  • Étendre la gratuité des contraceptifs à toutes les personnes, sans limite d’âge, y compris pour les méthodes de longue durée.
  • Étendre la délivrance de la pilule d’urgence dans les établissements scolaires via les centres psycho-médico-sociaux ou centres d’accompagnement des élèves, en collaboration avec les services de promotion de la santé, tout en autorisant sa délivrance sans ordonnance par du personnel formé (infirmiers, sages-femmes, etc.) et par les personnes formées à l’accueil dans les centres extrahospitaliers. Parallèlement, prévoir la distribution gratuite de préservatifs dans tous les établissements. 
  • Améliorer la formation des professionnels de santé concernant l’application des droits sexuels et reproductifs 
  • Lutter contre le sabotage contraceptif et la coercition reproductive, par des campagnes d’information, une reconnaissance dans la législation, et un accompagnement spécifique des victimes.
  • Défendre une EVRAS ambitieuse et systématique, dans toutes les écoles du pays.

Pour une société où chaque individu choisit sa vie

Les droits sexuels et reproductifs ne sont pas des revendications secondaires. Ils sont au cœur des libertés individuelles et des luttes pour l’égalité. Leur défense est un enjeu politique, éthique, et profondément humaniste. Lutter contre leur recul, c’est refuser le retour à une société où les femmes et les minorités de genre sont privées de leur pouvoir de décision.

Au Centre d’Action Laïque, nous continuerons de nous battre pour que chaque personne puisse choisir sa vie, sans pression, sans violence, et en toute autonomie.

  1. Le sabotage contraceptif, qu’est-ce que c’est? https://www.cffb.be/le-sabotage-contraceptif-quest-ce-que-cest/ ↩︎
  2. DSSR: droits et santé sexuels et reproductifs ↩︎