2h de CPC, c’est un minimum!

Le mouvement laïque a toujours considéré l’école comme un lieu privilégié pour l’émancipation des individus. En promouvant un enseignement critique et non dogmatique, le Centre d’Action Laïque poursuit son objectif de former des citoyens éclairés, capables de participer activement à la démocratie. L’école laïque doit continuer à évoluer pour répondre aux défis contemporains, en s’adaptant aux besoins d’une société en constante mutation, tout en restant fidèle aux principes de liberté, d’égalité et de solidarité.

L’introduction en 2016 du cours de philosophie et citoyenneté (CPC) marque un tournant majeur dans cette démarche. Le CAL a été l’un des principaux moteurs de cette réforme, considérant le CPC comme un outil essentiel pour:

  • renforcer l’école comme lieu neutre d’émancipation;
  • offrir un enseignement dépassant les clivages confessionnels;
  • préparer les jeunes à vivre ensemble dans une société pluraliste, où les différences sont perçues comme une richesse;
  • former les jeunes à la réflexion critique et à l’exercice de leurs droits et devoirs de citoyens.

Le CAL continue de militer pour que le cours de philosophie et citoyennerté soit généralisé à tous les niveaux et réseaux de l’enseignement, convaincu que l’éducation à la philosophie et la citoyenneté est une composante essentielle de la formation des futurs citoyens. 

Aujourd’hui, tant sur le fond que sur la forme, tout invite à avancer vers les deux heures. Il ne s’agit que d’une question politique. À cet égard, rappelons que le parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles a voté en décembre 2021 une résolution recommandant l’instauration dans l’enseignement officiel d’un cours de 2 heures de philosophie et citoyenneté par semaine.

Développer l’esprit critique, ensemble

Ce cours, qui remplace partiellement les cours de religion dans les écoles publiques, offre aux élèves, réunis par-delà leurs différences, un espace de réflexion critique et de dialogue sur les grandes questions de société. Un espace fondé sur les méthodes de la démarche philosophique et la décentration – en d’autres termes, apprendre à questionner seul et en commun mais en dehors de toute influence ou partage d’expérience de foi prosélyte.

Le CPC vise à transmettre des compétences citoyennes essentielles, telles que:

  • le développement de son esprit critique et de sa citoyenneté,
  • l’autonomie individuelle, 
  • le respect des diversités,
  • la compréhension des droits et devoirs dans une société démocratique et pluraliste,

Instruire et émanciper

À cet égard, le cours de philosophie et citoyenneté (CPC) est le seul endroit qui garantit à tous les enfants francophones de bénéficier de manière équitable de cet apprentissage, et cela, sans les cloisonner en fonction de leurs convictions religieuses (ou celles de leurs parents). Au vu de la montée de l’extrême droite en Europe et en Belgique, de la méconnaissance des jeunes au sujet du fonctionnement démocratique, mais aussi des défis majeurs comme la transition climatique ou l’égalité femmes/hommes, deux heures de philosophie et citoyenneté pour tous les élèves est un minimum. Sur une scolarité complète sans accroc, chaque élève bénéficierait ainsi de 900 heures de philosophie et citoyenneté. 900 heures où il apprendrait à débattre avec tous ses camarades en vue d’exercer sa citoyenneté.

Il est désormais temps que les élèves de la Fédération Wallonie-Bruxelles bénéficient de vrais outils pour développer ensemble leur citoyenneté et pouvoir se déployer dans la société de demain, quelles que soient leurs convictions. Refuser de leur ouvrir cette voie démontrerait que les velléités communautaires ou religieuses l’emportent au détriment de la formation critique des élèves, des conditions de travail des professeurs de CPC, des conditions d’organisation des établissements de l’enseignement public…

Rappelons en effet que ce dossier est le fruit d’un long processus démocratique, notamment parlementaire, qui porte en lui tous les éléments à même de trouver un équilibre entre les aspects juridiques, organisationnels, budgétaires, politiques, et philosophiques. Le statu quo est d’ailleurs intenable, tant pour les élèves, que pour les professeurs et l’ensemble des directions d’école et ne permet pas d’atteindre les objectifs du cours de philosophie et citoyenneté.

Du cours de morale…

Depuis les années 1950, le mouvement laïque belge s’est engagé en faveur d’un enseignement respectueux de la liberté de conscience. À l’époque du Pacte scolaire (1959), il s’est mobilisé pour que toutes les écoles officielles puissent proposer un cours de morale non confessionnelle, en alternative au cours de religion catholique, souvent seul à être dispensé dans certaines régions. Ce combat visait à garantir une véritable liberté de choix philosophique à tous les élèves.

Un demi-siècle plus tard, la situation a évolué: six options philosophiques distinctes séparent aujourd’hui les élèves, mettant en difficulté la cohésion sociale dès l’école. Face à ce constat, le Centre d’Action Laïque, avec ses partenaires réunis au sein du CEDEP (Centre d’études et de défense de l’enseignement public), plaide depuis 2010 pour l’instauration d’un cours commun d’éducation philosophique, éthique et citoyenne, destiné à tous les élèves, afin de renforcer le vivre-ensemble et l’émancipation individuelle. Cette proposition nécessite de permettre aux élèves de suivre des cours de religion et de morale possibles mais hors de la grille horaire obligatoire.

Le CAL ne remet pas pour autant en question la qualité du cours de morale ni le travail des enseignants. Ce cours, toujours organisé par les pouvoirs publics (et non par une instance philosophique ou religieuse), se distingue clairement des cours de religion: les maîtres de morale sont recrutés et nommés par les pouvoirs organisateurs publics, et les contenus sont définis par la Communauté française.

… au cours de philosophie et citoyenneté

Un tournant décisif a lieu en mars 2015: la Cour constitutionnelle a donné raison à des parents refusant que leur fille soit contrainte de suivre un cours de religion ou de morale. Cet arrêt crée une jurisprudence importante. Le gouvernement décide alors de permettre plus facilement les dispenses et de mettre en œuvre un cours commun dans l’enseignement officiel: une heure de cours de philosophie et citoyenneté devient obligatoire pour tous les élèves. Une seconde heure est laissée au choix: soit une deuxième heure de CPC, soit une heure de morale ou de religion, selon les préférences des familles. Dans les écoles du réseau confessionnel, l’heure de philosophie et citoyenneté est « dispensée », ou plutôt, « saupoudrée » à travers les autres cours généraux. Dans les faits, beaucoup reconnaissent qu’elle n’est pas réellement dispensée, cultivant ainsi une inégalité de traitement entre élèves de réseaux différents.