L’enseignement, au cœur du mouvement laïque

Le combat laïque pour l’enseignement en Belgique est profondément enraciné dans une longue tradition de lutte pour l’émancipation intellectuelle et morale des citoyens et de défense de l’école publique. Car l’intérêt du mouvement laïque pour l’enseignement historique s’est construit, d’abord, afin de garantir une offre d’enseignement public et non confessionnel. Il fallut en effet un long combat tout au long du XIXe et du XXe siècle pour qu’un enseignement public, neutre et en principe gratuit puisse exister à côté de l’enseignement catholique. Et ce, au travers des fameuses guerres scolaires qui aboutirent en 1959 à la Loi dite du « Pacte scolaire », garantissant une relative paix scolaire.

Depuis, la défense de l’école publique n’a pas perdu sa raison d’être. Car ces tensions, qui perdurent encore aujourd’hui, ont vu au cœur de ce combat l’action du mouvement laïque qui a toujours défendu une éducation libérée des influences religieuses, prônant une école publique neutre, gratuite et accessible à tous, indépendamment des convictions personnelles. Les débats autour de la mise en œuvre du cours de philosophie et citoyenneté, la question du financement des réseaux confessionnels et de leurs bâtiments privés, ou encore le financement du réseau confessionnel au détriment du réseau officiel ne manquent pas de nous rappeler les failles de ce Pacte ou des accords politiques qui ont entériné les demandes du réseau confessionnel.

La défense de l’école publique

L’histoire du combat laïque pour l’enseignement en Belgique est donc aussi celle de la défense de l’école publique contre les tentatives répétées d’influence religieuse. Ce combat pour une école laïque est intrinsèquement lié à la lutte pour l’égalité des chances, visant à garantir que chaque enfant, quel que soit son milieu d’origine, ait accès à une éducation de qualité, libérée des dogmes et des contraintes confessionnelles. En cela, le Centre d’Action Laïque revendique une école publique, unique, neutre et gratuite, au travers d’un certain nombre de revendications présentes dans notre mémorandum 2024.

Si le mouvement laïque défend le projet d’un enseignement organisé par les pouvoirs publics, c’est au moins pour quatre raisons:

  1. La garantie d’un service public accessible à tous, indépendamment des moyens financiers, des convictions privées ou des capacités de l’enfant.
  2. Le principe de gratuité, condition sine qua non de son égal accès à tous et qui n’a de sens que dans le cadre d’une institution organisée et contrôlée par les pouvoirs publics.
  3. La garantie de la neutralité de l’institution et des enseignants, condition sine qua non de l’accueil de tous les enfants.
  4. L’objectif d’un réseau unique, afin de mettre fin au quasi-marché scolaire, facteur de ségrégation scolaire, et donc d’inégalités scolaires.

Un enseignement neutre

Une lecture attentive des décrets « Neutralité »1 montre que cette neutralité est loin de signifier un désengagement ou une « posture molle ». Elle offre le cadre d’un enseignement basé sur la méthode scientifique, tout en garantissant le respect des convictions privées et des choix personnels qui coexistent dans une société pluraliste et ouverte. Ce principe de neutralité est celui qui permet à l’école de jouer sa fonction d’émancipation sociale: l’enseignement officiel « forme les élèves à reconnaître la pluralité des valeurs qui constituent l’humanisme contemporain. En ce sens, il fournit aux élèves les éléments d’information qui contribuent au développement libre et graduel de leur personnalité »2.

Le cours de philosophie et citoyenneté

Introduit en 2016, ce cours de philosophie et citoyenneté (CPC) est un acquis majeur du mouvement laïque dans les écoles publiques.

Objectifs du CPC:

  • Offrir un espace de réflexion et de dialogue entre élèves de toutes convictions.
  • Encourager une approche critique des grandes questions de société.
  • Promouvoir une démarche philosophique fondée sur la décentration et le questionnement.
  • Éviter toute influence religieuse prosélyte dans l’enseignement.

Ensemble, pour l’enseignement

La toute première association laïque en Belgique a été la Ligue de l’Enseignement (LEEP), fondée dès 1864. Elle est toujours bien active aujourd’hui en tant qu’association constitutive du Centre d’Action Laïque.

Depuis 1966, la Fédération des Associations de Parents de l’Enseignement Officiel (FAPEO) regroupe les parents organisés dans les écoles de l’enseignement obligatoire (écoles fondamentales et secondaires). La FAPEO a notamment pour mission de représenter les parents du réseau officiel dans de nombreuses commissions et instances liées à l’enseignement ou à l’éducation permanente. Elle a également rejoint le CAL en tant qu’association constitutive depuis une dizaine d’années.

C’est donc tout naturellement avec ces partenaires, et d’autres, que le CAL a adhéré à une plate-forme de défense de l’école publique, le CEDEP, qui regroupe aujourd’hui 14 associations. Développer la soif d’apprendre et l’évaluation positive, renforcer le tronc commun, fusionner des réseaux, aller vers la gratuité totale, encourager la mixité sont autant d’exemples des 18 propositions formulées par le CEDEP.  Parmi ces revendications, notons la demande de création d’un cours commun d’éducation philosophique, éthique et citoyenne permettant de sortir progressivement de l’organisation actuelle des 6 options philosophiques.

  1. Le principe de neutralité dans l’enseignement – http://www.enseignement.be/index.php?page=23725 ↩︎
  2. Art. 4 du décret « Neutralité », 1994 ↩︎