La laïcité est un système de séparation entre l’État et les institutions religieuses. Dans ce cadre, il agit comme un principe organisateur de notre société: les institutions religieuses n’exercent aucun pouvoir civil et, à l’inverse, l’État n’exerce aucun pouvoir religieux. Par exemple, il ne désigne pas les chefs religieux ou les usages à observer en matière de culte. En séparant clairement le pouvoir civil du pouvoir religieux, la laïcité permet donc l’égalité de tous devant la loi; cette égalité garantissant la liberté de chacun d’adhérer aux idées, convictions ou croyances de son choix.
La laïcité est le principe humaniste qui fonde le régime des libertés et des droits humains sur l’impartialité du pouvoir civil démocratique dégagé de toute ingérence religieuse.
Il oblige l’État de droit à assurer l’égalité, la solidarité et l’émancipation des citoyens par la diffusion des savoirs et l’exercice du libre examen.
Article 4 des statuts du Centre d’Action Laïque
Un principe au service de la liberté des personnes, pas des institutions religieuses
La laïcité garantit donc l’indépendance de l’État et des institutions religieuses, chacune agissant dans son propre cadre. Cette indépendance permet ainsi l’égalité: l’État ne peut ni favoriser, ni discriminer une personne sur base de la conception de vie qu’elle adopte ou de la religion qu’elle pratique. Les personnes peuvent dès lors adhérer librement à une conception de vie ou à une autre, puisqu’aucune conséquence – positive ou négative – n’est attachée par l’État à cette adhésion. Par-là, elle garantit les droits fondamentaux de tous les citoyens et permet leur émancipation.
La loi de l’État, adoptée démocratiquement, concrétise en effet cette égalité par la reconnaissance de la liberté de conscience, de religion et de conviction à chaque personne. Il s’agit d’une liberté d’autant plus fondamentale qu’elle est en lien avec d’autres libertés, comme celle de se réunir, de s’associer, de s’exprimer, etc.
La laïcité ne relègue pas les convictions religieuses ou philosophiques au seul espace privé: l’exercice collectif et public d’un culte ou d’une philosophie est une forme de manifestation de la liberté de conviction et est protégée à ce titre, comme l’est d’ailleurs la possibilité de s’associer entre adeptes. Il n’est pas question de confisquer des droits à « ceux qui croient » au bénéfice de « ceux qui ne croient pas », mais bien d’assurer les libertés de chacun dans une perspective de pluralisme et d’ouverture, dans le cadre de la loi démocratique commune.
Comme dit l’adage : la laïcité n’est pas une opinion, c’est la liberté d’en avoir une.
La laïcité reconnaît l’autonomie à chaque personne de mener son existence selon sa propre conception de vie, dans le respect de la loi commune. Cette loi commune, celle de l’État, s’applique à tous et permet de bâtir un projet de société sur un socle commun de valeurs et non sur des appartenances particulières. La laïcité fait primer l’intérêt commun par l’adoption du libre examen comme méthode de pensée et d’action en dehors de tout dogme sur les intérêts particuliers.
La laïcité est dès lors une condition de la citoyenneté, car elle contribue à construire du commun, par la délibération démocratique et les garanties de l’État de droit, permettant de cette façon d’endiguer les replis identitaires et les communautaristes. La laïcité œuvre à bâtir une société juste, progressiste et solidaire, qui accueille les différences, les opinions et les projets dans le respect des droits humains.
En ce sens, la laïcité fait primer le pouvoir civil sur les prescrits religieux, la première permettant une limitation de la seconde de manière proportionnée et dans le respect de l’État de droit, des droits fondamentaux et de la liberté religieuse.
Un principe au service de la dignité, de l’émancipation et du vivre-ensemble
L’égalité que prône la laïcité dans le respect de la liberté de conscience, de religion et de conviction ne serait que théorique si elle n’était pas rendue effective par les outils de l’émancipation. Ainsi, pour que chaque personne puisse poser ses propres choix, en dehors de tout dogme et dans le respect de sa liberté de penser, l’État doit intervenir pour garantir à chaque personne une vie digne et les instruments au service de cette autonomie: l’instruction, la diffusion des savoirs, le débat d’idées dans le respect absolu des personnes, la participation à la vie citoyenne, sociale et culturelle, la garantie d’accès aux services publics, etc. Dans une posture humaniste et universaliste, l’accès à ces outils doit être reconnu à chaque personne pour assurer l’égalité par les droits fondamentaux.
La laïcité est un principe, mais elle est aussi une action en faveur des garanties essentielles du vivre-ensemble que sont ses valeurs fondamentales: la liberté, l’égalité et la solidarité. C’est dans cette idée que la définition de la laïcité telle qu’elle figure dans les statuts du Centre d’Action Laïque a été rédigée: « La laïcité est le principe humaniste qui fonde le régime des libertés et des droits humains sur l’impartialité du pouvoir civil démocratique dégagé de toute ingérence religieuse. Il oblige l’État de droit à assurer l’égalité, la solidarité et l’émancipation des citoyens par la diffusion des savoirs et l’exercice du libre examen. »