La liberté de conscience et de pensée est à la fois un principe fondamental de la laïcité, et son but même. Cette liberté contient et détermine toutes les autres, notamment celle d’exercer le libre examen et de décider en toute autonomie. Comme le souligne l’Appel de Liège1, la laïcité est un principe universel, garant des libertés individuelles et d’une coexistence pacifique des opinions philosophiques et convictions religieuses.

La liberté de conscience en droit international des droits humains

Le droit international:

  • protège le droit de toute personne « à la liberté de pensée, de conscience et de religion« , 
  • précise que « ce droit implique la liberté d’avoir ou d’adopter une religion ou une conviction de son choix, ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction« ,
  • et que « nul ne subira de contrainte pouvant porter atteinte à sa liberté d’avoir ou d’adopter une religion ou une conviction de son choix. »

Ce droit est valable pour toute personne, croyante ou non, et contient le droit de changer de conviction. Il inclut bien entendu le droit de croire et de ne pas, ou de ne plus, croire. Il ne s’agit donc pas d’une simple tolérance de minorités religieuses, mais bien d’un droit individuel de choisir librement ses convictions philosophiques ou religieuses, et donc d’en changer.

Un droit universel

Comme tous les droits humains, le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion est universel. Il protège le droit de toute personne à choisir ses convictions et à les exprimer. Il ne se limite pas aux convictions religieuses, comme le laisse entendre l’expression « liberté de religion », souvent utilisée comme raccourci.

Des institutions et organisations religieuses envisagent souvent la « liberté de religion », comme si celle-ci se limitait à la protection des croyances religieuses et serait supérieure aux autres libertés, comme celle de ne pas croire ou de changer de religion. Ce faisant, elles tentent de s’assurer un privilège, au détriment des athées, humanistes, libres penseurs et agnostiques, mais aussi des simples croyants qui sont de fait également limités dans l’exercice de leur liberté individuelle. En plaçant la seule « liberté religieuse » sur un piédestal, les Églises et autres institutions religieuses utilisent le prétexte de la défense de cette liberté pour limiter d’autres droits humains, notamment l’égalité des sexes et les droits sexuels et reproductifs, les droits des personnes LGBTQIA+, ou encore le droit à une éducation sexuelle comme nous avons pu le constater récemment en Belgique avec la polémique des anti-EVRAS.

Un droit toujours bafoué dans le monde

Le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion est dénié dans de nombreuses régions du monde. En Europe, plusieurs pays interdisent toujours le blasphème, souvent désigné par l’euphémisme « atteinte aux sentiments religieux ». Des propos pouvant être considérés comme « blasphématoires » peuvent mener son auteur devant les tribunaux, alors que l’expression de ses convictions religieuses ou philosophiques est partie intégrante de cette liberté, comme de la liberté d’expression. La critique et la satire de la religion et de ses dogmes sont protégés. La limite de cette expression est bien sûr le discours de haine contre les personnes.

Ces lois sont exploitées par les fondamentalistes religieux pour intimider les critiques, et par les gouvernements de certains États pour protéger l’Église dominante. Des mouvements fondamentalistes chrétiens tentent de faire interdire des expositions artistiques, tandis que des islamistes radicaux vont jusqu’au meurtre pour punir des propos ou oeuvres qui relèvent à leurs yeux du « blasphème » (attentat contre la rédaction de Charlie Hebdo, assassinat de Samuel Paty…). Rappelons que la notion de « blasphème » ne s’applique qu’aux croyants d’une religion donnée acceptant librement de se soumettre à ses dogmes, et qui eux-mêmes demeurent toujours libres de les critiquer. Cette notion ne saurait s’étendre à l’ensemble des citoyens.

Dans certains pays où le droit islamique est en vigueur, le fait de quitter l’islam pour adopter une autre religion ou l’athéisme, qualifié d’ »apostasie », est puni de mort ou de lourdes peines de prison. La simple critique de la religion est punie de lourdes peines de prison. Les humanistes laïques actifs dans ces pays paient souvent le prix fort simplement pour exprimer leurs convictions.

Le Centre d’Action Laïque soutient la campagne End Blasphemy Laws pour mettre fin au lois pénalisant l’expression de ses convictions.

  1. Le 12 octobre 2019, à l’issue de trois jours de réflexion menés à l’occasion du 50e anniversaire du Centre d’Action Laïque belge, l’Appel de Liège est lancé aux défenseurs des droits fondamentaux pour promouvoir la laïcité comme un principe universel, garant des libertés individuelles et d’une coexistence pacifique des opinions philosophiques et convictions religieuses. 50ans.laicite.be ↩︎